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Les aventures

plus animés, & résolurent d’en tirer vengeance, quoiqu’il en pût arriver.

Cependant les espagnols les appaisèrent en leur disant que, puisqu’ils leur avoient ôté leurs armes, ils ne pouvoient pas permettre qu’on les attaquât & qu’on les tuât à coups de fusil. De plus, l’espagnol qui étoit alors comme gouverneur de l’île, les assura qu’il leur procureroit une satisfaction entière. Car, dit-il, il ne faut pas douter qu’ils ne reviennent à nous quand leur fureur aura eu le tems de se ralentir, puisqu’ils ne sauroient subsister sans notre secours, & nous vous promettons en ce cas qu’ils vous satisferont, à condition que, de votre côté, vous vous engagiez à n’exercer aucune violence contr’eux, que pour votre propre défense.

Les deux anglois s’y accordèrent, mais avec beaucoup de peine : les espagnols leurs protestèrent qu’ils n’avoient point d’autre dbut que d’empêcher l’effusion du sang parmi eux, & de les rendre tous plus heureux. « Car, dirent-ils, nous ne sommes pas si nombreux, qu’il n’y ait de la place ici pour nous tous, & c’est une grande pitié que nous ne puissions être tous amis ». Ces paroles les adoucirent à la fin entièrement ; ils s’engagèrent à tout ce que les espagnols voulurent, & restèrent quelques