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Les aventures

son cerveau étoit plein d’images de gens qui se battoient & qui se tuoient les uns les autres. En un mot étant resté quelque tems au lit dans cette inquiétude, & sentant son agitation redoubler de plus en plus, il se leva. Comme ils étoient tous couchés sur des tas de peaux de chèvres, placées dans de petites couches qu’ils avoient dressées pour eux-mêmes, & non pas dans des branles comme moi, ils avoient peu de chose à faire pour se lever. Il ne leur faloit que se dresser sur leurs pieds, & mettre un juste-au-corps & leurs escarpins, & ils étoient en état de sortir & de vaquer à leurs affaires.

S’étant donc ainsi levé, l’espagnol sortit ; mais l’obscurité l’empêchoit de rien voir d’une manière distincte ; d’ailleurs il étoit empêché par les arbres que j’avois plantés, & qui, étant parvenus à une grande hauteur, lui barroient la vue ; de sorte qu’il ne pouvoit que regarder en haut & remarquer que le ciel étoit serein & parsemé d’étoiles. Il n’entendoit point le moindre bruit, & là-dessus il prit le parti de se recoucher. Mais c’étoit encore la même chose ; il ne pouvoit ni dormir, ni se tranquiliser l’esprit ; il sentoit toujours ame également troublée sans en appercevoir la moindre raison.

Ayant fait quelque bruit en se levant & en se couchant, en sortant & en rentrant, un de ses