Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/100

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ſa retraite. Il m’apprit en chemin, qu’il étoit le premier prince du ſang d’Houcaïs ; qu’il s’appelloit Boldeon ; que le roi, depuis la diſgrace de ma mère, avoit épouſé une ſeconde femme, dont il n’avoit pas d’enfans ; qu’il en étoit amoureux au point qu’il avoit fait reconnoître le frere de cette princeſſe, nommé Ruraos, pour Houcaïs, à condition que lui & ſes ſucceſſeurs extermineroient tous les blancs qui pourroient ſe trouver dans ſon royaume, & y aborder. Quelques mois après il s’eſt retiré avec la reine dans l’antre royal[1], & Ruraos eſt monté ſur le trône, où il exerce un empire tyrannique, & qui eſt ſi odieux, que tous les nobles Abdalles ont tous aimé mieux fuir dans les provinces éloignées, que d’obéir à cet uſurpateur.

Lorſque nous fûmes arrivés chez Boldeon, & qu’il m’eut fait rafraîchir, il me fit conter avec empreſſement mon hiſtoire ; je l’appuyai de circonſtances ſi naturelles & la vérité lui fit tant d’impreſſion qu’il me crut, & qu’il s’humilia comme devant ſon prince légitime. Je l’embraſſai ; il me reconnut pour tel, & me jura qu’il répandroit ſon sang pour me remettre

  1. L’antre étoit une caverne, où les rois lorſqu’ils étoient entrés n’en reſſortoient jamais.