Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/108

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tantôt il ſe traînoit avec ſes mains, & tantôt il se dreſſoit. Son nez étoit extrêmement gros & épaté & finiſſoit par une pointe qui alloit recouvrir ſa lèvre ſupérieure. Ses yeux étoient environnés d’un ſourcil épais qui tournoit à l’entour. La couleur de ce viſage effroyable étoit d’un rouge marbré, & ſa barbe, ſes cheveux, & le poil dont il étoit couvert, ſe confondoient enſemble. Je ne l’eus pas plutôt enviſagé, que je me ſauvai de toute ma force en jettant des cris, & en tournant de tems en tems la tête ; mais tôt ou tard j’aurois été la proie de ce monſtre. Il s’appuyoit sur les deux paumes de ſa main ; & s’élançant, faiſoit des bonds ſi prodigieux, que j’en allois être atteint, lorſque, contre toute eſpérance, je vis accourir Falbao à mon ſecours. Quelle fut ma joie ! Dès que l’homme-ver l’apperçut, il fit un ſaut en arrière & ſe ſauva précipitamment. Falbao ſuivit ſes traces ; j’en fus ému, & je l’appellai de toutes mes forces. Sa préſence me raſſuroit trop, pour ne pas craindre de le reperdre une ſeconde fois. Il revint ; je le flattai, & cet aimable animal parut ſenſible à mes careſſes ; il marcha devant moi, & je le ſuivis avec confiance.

À peine avions-nous fait trente pas, que j’entendis des cris affreux. Je me préparois à