Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/21

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lui en donner des preuves ſingulières, je commençai ainſi l’hiſtoire de ma vie.

Lamekis, mon père, étoit grand prêtre du dieu qu’on adore en Égypte. Sa probité, ſa religion & ſa charité le rendoient vénérable à tous les peuples ; la majeſté qui régnoit dans toutes ſes actions, ſembloit, ſi on oſe le dire, être l’image de la divinité qu’on adoroit dans le temple : lorſqu’il prononçoit des oracles, ils étoient articulés avec des ſons ſi reſpectables, qu’ils cauſoient dans les cœurs les plus ſaintes émotions : la vénération qu’on avoit pour ce miniſtre, l’avoit rendu preſque auſſi puiſſant dans l’état, que Sémiramis qui étoit alors ſur le trône. Cette princeſſe faiſoit de mon père un cas extrême, & rien ne ſe décidoit dans ſes conſeils, qu’il n’y eût été appellé.

Elle l’envoya chercher un jour, & elle le fit paſſer dans ſon cabinet ; c’étoit la première fois qu’elle s’étoit trouvée ſeule avec lui. Il y avoit long-tems qu’elle avoit fait attention à ſa figure, & la ſageſſe de ſes conſeils avoit moins fait d’impreſſion ſur ſon ame, que la majeſté de ſon viſage : Lamekis, lui dit-elle, je connois les loix du temple intérieur ; mais ma façon de penſer eſt au-deſſus des craintes vulgaires. Il y a pluſieurs années que je deſire d’être initiée