Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/55

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ce peuple avoit pris pour ſa fuite. La reine y renvoya des officiers plus éclairés ; ils firent le même rapport. Mais cette princeſſe méfiante, ſoupçonnant de nouveaux ſtratagêmes, fit deſcendre une garde beaucoup plus nombreuſe que les deux précédentes, avec ordre de faire une viſite exacte, & d’examiner les lieux par leſquels les rébelles s’étoient retirés.

Celui qu’elle chargea de cette commiſſion, étoit ennemi déclaré des miniſtres du dieu Sérapis. Il s’en acquitta avec tant de zèle ; les ordres furent ſi bien donnés, & il examina lui-même ſi bien les choſes, qu’il découvrit la voie de leur fuite. Lamékis avoit cru la dérober par un foible mur qu’il avoit fait faire, n’imaginant pas qu’on pût ſoupçonner cet endroit reculé ; mais il ne prévoyoit pas avoir à faire à un homme auſſi éclairé que celui que la reine avoit détaché. Le commandant reconnut que ce mur étoit neuf, il le fit abbattre, & deux heures après, il apprit qu’il conduiſoit au rivage de la mer. Il en fit avertir la reine, &, de ſon côté, il fit ſi bien ſon devoir, qu’il arrêta au milieu de la nuit le vaiſſeau ſur lequel Lamékis alloit ſe ſauver, n’ayant voulu ſe retirer que le dernier ; &, comme bon citoyen, faiſant marcher le ſalut de ſa patrie avant le ſien ; ſa ſurpriſe fut extrême, deux femmes & trois enfans furent arrêtés avec lui.