Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/68

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tems, Falbao ſe jetta dans la mer ; & il fit tant de ſingeries, que je mis à rire avec la même facilité que j’en avois eu à pleurer. Mon hôte en fut ravi : cependant le chien diſparut tout d’un coup à mes yeux : la crainte que j’eus qu’il ne ſe fût noyé ; me fit jetter un cri. Motacoa s’en étant douté, ſe prit à rire ; & mettant le doigt ſur la bouche, Falbao, Falbao, toukat-zi[1], s’écria-t-il. À peine eut-il prononcé ces mots, que le chien montra ſa tête, & la replongea avec vivacité dans la mer. Un moment après il reparut, ſauta dans le bateau, tenant un gros poiſſon dans la gueule (ou dans ſon muffle), comme il plaira aux critiques. Il le mit au pied de ſon maître. Ce poiſſon étoit d’une grandeur infinie, & d’une figure que je ne connoiſſois pas. Motacoa prit le genouil du chien, qui, flatté de cette careſſe, le remercia à ſa façon, & ayant mis le doigt dans une des ouies, il en arracha quelque choſe qu’il jetta à Falbao, qui parut le manger avec beaucoup de plaiſir & d’appétit, & ce repas achevé, que je trouvai très-frugal pour ſa groſſeur, il reſauta dans la mer où il fut long-tems ſans reparoître, j’en fus d’une inquiétude extrême, me ſentant une inclination extraordinaire pour cet animal.

  1. Vîte ici.