Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/85

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celui des pigeons. Après avoir été quelque tems à les examiner, je fermai le trou avec de la mouſſe qui couvroit les écorces de l’arbre en attendant de quelle manière je m’y prendrois pour en ſaiſir quelqu’une. En élèvant les yeux au ciel, je fus ſurpris de la beauté & de la hauteur de cet arbre ; ſes feuilles avoient plus de quatre aunes de long, & deux de large ; j’en coupai une avec mon couteau ; (car ce fut en vain que je voulus l’arracher.) Vous pouvez voir, continua Lodaï, par mon habillement, & par les meubles que j’en ai faits, ſa qualité & ſon uſage. Cette découverte me fit un plaiſir infini ; mais le fruit qui y étoit attaché m’en donna bien davantage. Ce ne fut pas ſans peine que j’en pus avoir, à cauſe de leur élévation. J’en abbatis quelques-uns à coups de pierre, & je fus long-tems à les ramaſſer, tombans par bonds comme une balle de paume, à la différence, qu’ils reſautoient ſi ſouvent, & d’une façon ſi imprévue, que lorſque je mettois la main deſſus, ils m’échappoient. Dès que je fus poſſeſſeur d’un de ces fruits, je le confidérai avec une ſingulière attention ; il étoit léger, & de la groſſeur du melon des Indes. Dès que je l’eus ouvert, il en ſortit une liqueur tranſparente & claire. J’avois une ſi grande ſoif, que l’ayant partagé, j’y trouvai abondamment de