Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/121

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avec moi, & de me voir danser un tambourin ; dès que cela sera fini, nous irons nous reposer. On ne peut rien vous refuser, dit le monarque ; mais songez que je suis très-délicat. Aussi-tôt la fée fit signe de la main au jeune homme, qui commença à faire résonner son tambour & son fiffre.

Dès qu’Agis vit le signe que faisoit la fée, & que ce maudit tambourin alloit commencer, il sortit de la tente avec précipitation, & se sauva jusqu’à la ville, où les sentinelles l’ayant reconnu, le laissèrent entrer.

Cependant Cabrioline ayant d’abord dansé seule un menuet, dont le roi fut enchanté, commença, sans se reposer, une provençale très-vive avec Prenany, qu’elle prit par la main. Cela anima le roi boiteux ; il se mit aussi-tôt à sauter malgré lui, tous ses courtisans l’imitèrent ; enfin, avant qu’il se fût passé un quart-d’heure, toute l’armée étoit en branle, & les capitaines & les soldats dansoient comme des perdus, sans savoir pourquoi. Les amazones, voyant ce spectacle de dessus les remparts, étoient dans un étonnement extrême ; mais Agis, qui survint en se bouchant les oreilles, de peur d’entendre ce malheureux fifre, leur donna une grande joie, en leur expliquant la vertu de la flûte, qui faisoit danser le roi & son