Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/137

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toire de mes malheurs ; elle n’auroit pas pour vous assez de charmes pour balancer la douleur que je ressentirois en vous racontant mes infortunes. Qu’il vous suffise de savoir que mon nom est Zaïde. Mon destin a été d’être esclave dès mon enfance : j’ai perdu, par un malheur funeste, un amant de même nation que moi, qui m’aimoit, & que j’adorais. Le désespoir que je ressentis de cette perte me fit détester la vie à tel point, que j’empruntai le secours du fer pour la terminer. Mes vœux alloient être remplis ; je m’étois percé le sein, & je n’avois plus de connoissance, quand une fée(dois-je dire bienfaisante ou cruelle ?)me rappela des portes du trépas en me mettant cette même pierre dans la bouche. Elle m’en fit présent, & n’assura que le temps me rejoindroit à mon amant. Depuis un an qu’elle m’a fait cette promesse, le maître que je servois m’a donné la liberté : j’ai cherché pendant quelque temps cet esclave, qui ne sortira jamais de mon cœur, mais tous mes soins ont été inutiles : enfin, ne trouvant point d’autre asile, je me suis retirée chez les femmes que nous quittons, où il semble que le ciel m’ait placée pour vous sauver la vie.

Prenany tâcha de consoler la moresse, en lui rappelant la promesse que la fée lui avoit faîte qu’elle seroit un jour réunie à son amant. J’ai