Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/142

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la reine à son égard. Je tremble dit-il, d’apprendre ses sentimens. Oh vraiment, dit Fêlée d’un air de confiance, vous n’avez plus rien à craindre ; elle a pris une si forte haîne contre le roi Dondin, que quand elle a appris que c’étoit vous qui le faisiez danser, elle a témoigné qu’elle vous aimoit à la folie. Mais, ajouta Prenany, que pense la sœur de la reine ? On lui a fait entendre raison, reprit Fêlée, & je vais vous conter comme tout cela s’est passé.

Quand vous fûtes parti, dit la princesse, sans que l’on sût que nous vous eussions fait échapper, je ne cessois de pleurer. La reine me demandoit la cause de mes larmes tantôt je lui disois qu’un de mes serins s’étoit envolé ; d’autres fois, que j’avois perdu quelqu’un de mes bijoux ; quelquefois que mon petit épagneul étoit malade. Mais à la fin la reine me dit : Je vois bien, princesse que vous pleurez la perte de Prenany ; mais il faut prendre votre parti, car il ne reviendra plus. Je me mis alors à verser tant de larmes, que je pensai étouffer la reine s’attendrit, & pleura aussi. Peu de temps après, Dondin est venu nous assiéger. Je dis alors à la reine : Eh bien, Madame, si vous m’aviez mariée à Prenany, ce vilain roi ne voudroit pas m’épouser. Cela est vrai, dit