Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/171

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homme extraordinaire, & je suis curieux d’apprendre qui vous êtes. Je veux bien contenter si votre curiosité, dit l’inconnu. Je suis le père des dieux & des demi-dieux ; je suis le frere de l’histoire, & cependant souvent je me marie avec elle, comme faisoit Jupiter avec sa sœur Junon ; presque tous ses enfans ont quelque chose de moi ; en un mot, je suis le génie des romans.

Ah, génie adorable ! reprit Prenany, je reconnois que je vous dois la vie, & que c’est à vous à décider de mon sort. C’est la vérité, dit le génie ; je puis vous faire dévorer tout à l’heure par un monstre qui sortira du lac ; je puis faire transporter ici votre princesse dans un char traîné par des dragons volans, & vous faire conduire tous deux dans une isle déserte. Si je me mets en colère, je puis vous faire tuer tout à l’heure d’un coup de poignard ; mais je vous aime, & peut-être serez-vous heureux avec Fêlée : c’est ce que je ne veux pas encore approfondir.

Vous me feriez pourtant grand plaisir, dit Prenany, de me dire précisément si j’épouserai ma princesse ou non, cela me feroit supporter avec plus de patience les malheurs auxquels je serai sans doute exposé. Il doit naturellement arriver que vous l’épouserez, dit le génie ; mais