Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/195

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voulus ôter cette funeste bague ; tous les efforts que je fis pour la tirer furent inutiles.

Jugez de ma situation dans cette malheureuse conjoncture. J’avois compris par les discours de mon maître que cet anneau étoit un moyen de délivrer la jeune captive qui devoit être immolée dans peu de temps. Je voyois qu’elle alloit périr, & que j’étois la cause de son trépas ; je n’osois retourner chez Abdumnella après avoir si mal obéi à ses ordres. Enfin dans mon désespoir, je résolus de me faire couper le doigt, pour dégager cet anneau funeste, & le porter à la jeune prisonnière.

Dans cette résolution j’entrai chez le premier chirurgien que je trouvai & étant passé dans une salle derrière sa boutique : Il faudroit, lui dis je faire une opération qui vous sera facile, c’est de me couper le doigt où vous voyez cette bague. Le chirurgien voulut me faire quelques remontrances. Ces discours lui dis-je, sont inutiles ; j’ai pensé à tout ce que vous pouviez me dire faites ce que je désire de vous.

Le chirurgien, avant de me satisfaire, voulut essayer d’ôter cet anneau de mon doigt ; & pour cet effet, il tourna avec violence la pierre de la bague en dedans de ma main. La douleur me fit retirer le bras, & pousser un cri,