Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/20

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La haîne des Soliniens pour toute autre lumière que celle du soleil, étoit si forte, que lorsque cet astre étoit couché, non seulement il n’étoit pas permis de marcher à la lueur de la lune, mais il étoit défendu de se servir de toute autre lumière. Ainsi, quand le jour finissoit, chacun alloit se coucher, & remettoit les affaires au lendemain.

Ces mœurs des Soliniens, & sur-tout leur avarice, n’avoient jamais plu aux Amazones. Tandis que ces femmes ne formoient qu’un même peuple avec eux, elles se servoient de l’art qui leur est naturel, pour tirer d’eux les bijoux & les ajustemens dont le sexe est idolâtre. Mais quelles ruses ne falloit-il pas employer pour y réussir, & quelles peines ne falloit-il pas se donner pour avoir part à leurs trésors ?

Il falloit dans ce temps-là qu’une physionomie douce, un ton de voix séduisant, un œil tendre et enchanteur amolissent l’ame la plus dure, & portasse le trouble dans un cœur qui n’étoit possédé que d’idées de fortune. Mais ces charmes si touchans devoient se produire d’une façon si décente et avec tant de modestie, qu’avec l’amour ils inspirassent le respect. Il faut entendre ce respect qui meurt d’envie d’en manquer, & qui, bien loin d’étouffer l’amour, ne