Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/247

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ai, pour régir & administrer votre empire ; d’ailleurs mon frere aîné est plein de vie & de santé, ; c’est à lui qu’appartiennent vos états après vous, & mon cadet & moi, nous n’avons d’autre droit à espérer, que les apanages que votre justice & votre bonté voudront bien nous accorder.

Cette sage réponse ne causa pas moins de plaisir au roi que la précédente ; il remercia les dieux de lui avoir donné deux enfans d’un caractère si doux & si raisonnable. Il fit retirer celui-ci, pour faire venir son cadet, & lui tint le même discours qu’il avoit fait à ses deux autres fils. Ce jeune prince, surpris, & comme interdit de cette proposition, garda un moment le silence, & ensuite il répondit en ces termes : Comment, seigneur, pourrois-je, dans un âge si peu avancé, accepter une dignité si importante & si difficile à remplir ? Je connois trop mon insuffisance, pour ne me pas faire justice : je ressemble à une petite goutte d’eau, & votre empire à une grande & vaste mer ; il faudroit avoir un esprit aussi étendu que le vôtre, pour gouverner dignement : je vois bien seigneur que vous voulez m’éprouver ; mais je me donnerai bien de garde de monter si haut, de crainte d’un sort semblable à celui du malheureux Icare ; sa punition vint de sa