Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les princes, qui ne s’attendoient pas à un pareil ordre, en furent très-surpris : ce n’est pas que le plaisir de voyager n’eût pour eux beaucoup de charmes, & qu’ils ne souhaitassent de tout leur cœur ; mais aimant le roi au point qu’il faisoient, ils ne pouvoient s’en éloigner de cette manière, sans un extrême chagrin. Ils firent donc tout leur possible pour ne le pas quitter si-tôt ; cependant, voyant qu’il vouloit absolument être obéi, ils partirent dans le temps prescrit, avec un équipage fort modeste, & sous des noms déguisés. Quand ils furent hors de leurs états, ils entrèrent dans ceux d’un grand & puissant empereur, nommé Behram. Comme ils continuoient leur route pour se rendre à la ville impériale, ils rencontrèrent un conducteur de chameaux, qui en avoit perdu un ; il leur demanda s’ils ne l’avoient pas vu par hasard. Ces jeunes princes, qui avoient remarqué dans le chemin les pas d’un semblable animal, lui dirent qu’ils l’avoient rencontré, & afin qu’il n’en doutât point, l’aîné des trois princes lui demanda si le chameau n’étoit pas borgne ; le second, interrompant, lui dit, ne lui manque-t’il pas une dent ? & le cadet ajouta, ne seroit-il pas boiteux ? Le conducteur assura que tout cela étoit véritable. C’est donc votre chameau,