Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/259

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parole : Seigneur, lui dit-il, j’ai cru que la vigne qui a produit le vin que vous avez eu la bonté de nous envoyer étoit plantée dans un cimetière, parce qu’aussi-tôt que j’en ai bu, au lieu que le vin réjouit ordinairement le cœur, le mien s’est trouvé accablé de tristesse ; & moi, ajouta le second, après avoir mangé un morceau de l’agneau, j’ai senti que ma bouche étoit salée & pleine d’écume, ce qui m’a fait croire que cet agneau avoit été nourri du lait d’une chienne. Comme je vois, seigneur, interrompit le troisième, que vous êtes dans une impatience d’apprendre comment j’ai pu connoître la mauvaise intention de votre visir contre votre majesté impériale, c’est qu’ayant eu l’honneur de vous entendre raisonner en sa présence sur le châtiment qu’on doit faire aux méchans, j’ai reconnu que votre visir changeoit de couleur, & vous regardoit d’un œil noir & plein d’indignation ; j’ai même remarqué qu’il demanda de l’eau à boire : c’étoit sans doute pour cacher le feu dévorant dont son cœur étoit enflammé. Toutes ces choses, seigneur, m’ont fait connoître la haîne & la colère qu’il a contre votre auguste majesté, de ce que vous avez condamné vous-même son fils à la mort.

L’empereur voyant que ces jeunes gens avoient fort bien prouvé tout ce qu’ils avoient