Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/288

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fut suivi de celui de la compagnie, qui admiroit l’adresse de cette réponse, & la galanterie de celui qui l’avoit faite.

La reine voulant pousser plus loin sa curiosité : J’ai encore, ajouta-t-elle, une autre chose à vous demander, Messieurs ; si vous m’en donnez l’explication, vous me ferez le plus grand plaisir du monde. Le plus jeune des trois princes prenant la parole : Madame, lui dit-il, je me flatte de vous satisfaire, si vous me faites l’honneur de me dire de quoi il s’agit. La reine ordonna à tous ceux qui étoient dans sa chambre de se retirer, & il ne resta auprès d’elle que le jeune prince & son premier ministre : alors elle ouvrit une petite cassette où il y avoit cinq œufs, & s’adressant à ce prince : Je voudrois bien, lui dit-elle, que vous partageassiez également ces cinq œufs entre nous trois, sans en casser aucun. Si vous le faites, je dirai hardiment qu’il n’y a personne au monde qui soit comparable à vous & aux deux princes vos frères. Cet éloge, madame, est trop grand, répondit-il, pour un si petit sujet, & je vais exécuter vos ordres. En achevant ces mots, il prit les cinq œufs, en mit trois devant la reine, donna le quatrième au ministre, & garda l’autre pour lui : Voilà, madame, ajouta-t’il, le partage égal, sans aucune fraction. La reine, ne comprenant