Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/295

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princes ses voisins. Comme il étoit savant, il aimoit les gens de lettres ; & lorsqu’il apprenoit qu’il y en avoit quelqu’un dans ses états, soit qu’il fût étranger ou de ses sujets, il le faisoit venir à sa cour, & l’engageoit à y demeurer, par de grosses pensions qu’il lui donnoit. Cette générosité lui attiroit toujours de beaux génies, avec lesquels il s’entretenoit souvent de matières très curieuses. Un jour, comme il causoit avec un philosophe qui passoit pour fort habile, en parlant des secrets de la nature, ils tombèrent insensiblement sur les merveilles de la métempsycose. Le roi, qui doutoit fort de cette transmigration des ames, lui commanda de lui en dire son sentiment. Le philosophe, qui ne cherchoit qu’à lui plaire, lui répondit : Seigneur, puisque vous m’ordonnez de vous déclarer là-dessus ce que je pense, je vais vous rapporter un exemple, qui est plus fort que tous les raisonnemens du monde, & vous demeurerez d’accord que vous n’avez jamais rien vu de plus grand, ni de plus surprenant.

La passion de voyager, dit-il, m’ayant inspiré le dessein d’aller dans les régions occidentales ; je partis avec un jeune homme très-savant & très-poli. Pendant le chemin, pour rendre notre voyage plus agréable, nous nous entretenions de diverses matières, & principalement des choses