Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/300

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gneur, lui dit-elle, j’ai eu la nuit passée un songe si terrible, que le souvenir seul m’en fait horreur : tout ce que je puis vous dire, c’est que je veux vivre dans la continence : ainsi, je vous supplie de ne me point approcher ; & si vous le faites, je me donnerai plutôt la mort, que de consentir à vos désirs.

Le faux roi eut un sensible chagrin de ces paroles, parce qu’il aimoit passionnément cette princesse, qui étoit d’une beauté charmante. Comme il ne vouloit point lui déplaire, il résolut de ne plus la voir qu’en compagnie, & de lui marquer toujours beaucoup de considération. Il espéroit, par ce moyen, de fléchir sa rigueur, ou du moins de lui donner des bornes, pour qu’elle n’allât pas plus loin. Les coupables, quelque autorité qu’ils aient, sont toujours dans la crainte. Le crime poursuit par-tout le criminel, & sa conscience en est le bourreau. C’est pourquoi ce prétendu roi tâchoit non seulement de se faire aimer de cette princesse, mais encore de tout le monde ; &, par un aveuglement extrême, tout le monde s’efforçoit à lui donner des marques de son zèle & de son amour ; c’étoit tous les jours de nouveaux plaisirs qu’on lui offroit, & des hommages qu’on lui rendoit, dont il témoignoit beaucoup de reconnoissance,