Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/320

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j’en aye aussi autant pour la conversation du mien. Cette réponse, qui étoit un peu trop forte, donna d’abord quelque chagrin au roi ; mais peu après, faisant réflexion au sujet qui l’avoit causé, il espéra de ramener cette princesse à son devoir, en usant de quelque ruse envers elle. C’est pourquoi étant un jour à causer ensemble, & lui parlant de l’amour qu’il avoit pour elle : En vérité, madame, lui dit-il, vous ne songez guères que vous êtes ma femme, de ne vouloir pas me permettre de vous approcher, à moins que je ne fasse mettre sur la monnoie votre nom auprès du mien. Cependant, quoique cela ne se soit jamais vu, comme je n’ai pas de plus forte passion que de vous plaire, je vous accorderai votre demande, si vous faites, avec votre arc & vos flèches, ce que je ferai avec les miennes. La reine y consentit, & le soir venu, le roi la mena dans une grande salle, où ayant fait poser un petit bassin au bout de cette salle, après l’avoir fait remarquer à la reine, & éteindre toutes les lumières, ils se mirent à l’autre bout ; alors ce prince, prenant son arc, tira trois flèches dans le bassin, dont on entendit le bruit à mesure qu’elles y frappoient ; ensuite, la reine tira les siennes d’une manière hardie : on entendit le son que causa la première ; mais les deux