Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/330

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roi, l’avoit envoyé vers lui pour tâcher de le guérir. Ce prince lui commanda de la lui amener. Le paysan partit aussi-tôt ; il raconta le tout à cette fille, & l’ayant fait habiller le plus proprement qu’il put, la mena au roi. D’abord qu’il la vit, il la regarda attentivement, & trouvant qu’elle ressembloit à la reine sa femme, il étoit comme en extase. Après être revenu de son admiration, il la pria de lui dire qui elle étoit. Seigneur, lui répondit-elle, je suis votre infortunée femme, que vous avez condamnée à être dévorée par vos chiens ; mais au lieu de me faire aucun mal, il m’ont fait mille caresses, respectant en moi l’honneur que j’ai de vous appartenir. L’amitié de ces animaux me fut d’un augure favorable, & ayant trouvé un trou dans la muraille qui donne sur le fossé, je m’échappai par cet endroit. Je courus toute la nuit, sans savoir où j’allois, & j’arrivai heureusement dans la maison de ce bon homme, qui a exercé l’hospitalité envers moi jusqu’à présent. À peine y ai-je été quelques jours, que j’appris la nouvelle de votre maladie ; & en sachant toutes les particularités, j’ai jugé qu’elle venoit sans doute du regret que vous aviez de la cruelle sentence que vous aviez donnée contre moi : c’est pourquoi, connoissant la cause de votre mal, j’ai pensé qu’il n’y avoit point