Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/337

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TROISIÈME NOUVELLE

Il y avoit aux Indes un riche & puissant roi, qui demeuroit dans une ville maritime appelée Zeheb. Il ne connoissoit d’autre divinité que le lion qu’il adoroit, il aimoit les arts libéraux & les mécaniques, & se faisoit un plaisir d’avoir toujours d’habiles artisans. Parmi ces gens-là, il avoit un orfèvre qui se faisoit distinguer par la beauté de ses ouvrages. Ce prince en étoit charmé ; & un jour, l’ayant fait venir, il lui donna une grande quantité d’or, avec ordre de lui en faire un très-beau lion. L’orfèvre ayant reçu cet or, ne songea qu’à satisfaire le roi, & à faire un ouvrage qui pût passer pour un chef d’œuvre. Il se mit donc à y travailler, & s’y appliqua avec tant d’ardeur & d’exactitude, qu’en moins de six mois, il fit un lion si parfait, qu’il n’y manquoit que le souffle, pour faire croire qu’il étoit plein de vie. Comme il étoit d’une masse fort pesante, il lui fit des roues sous les pieds ; en sorte que dix hommes le pouvoient mener facilement en quelque lieu que ce fût. Le roi fut fort content de cet ou-