Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/362

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faites. Le cavalier ne lui dit rien davantage, & passa encore trois jours sans lui expliquer ses sentimens ; mais enfin, voyant la chose en état de se conclure, il ne lui fut plus possible de mettre des bornes à sa passion. Il lui déclara qu’il étoit éperdument amoureux d’elle, & que si elle vouloit rompre avec l’amant qui se présentoit, & lui accorder le temps de venir à bout de son procès, il viendroit la rendre maîtresse de sa fortune, comme elle l’étoit déjà de son cœur. Il parla de bonne foi ; ainsi il ne faut pas s’étonner s’il persuada. La belle lui représenta le tort qu’il auroit de lui faire perdre ce qu’elle ne trouveroit peut-être pas aisément, & il lui mit l’esprit en repos, en lui faisant les plus tendres protestations de fidélité & de confiance. Il l’obligea de consentir à se faire peindre, pour lui donner son portrait, & elle voulut bien recevoir le sien. Il la quitta, avec promesse de terminer ses affaires au plutôt, & de venir l’épouser. Il partit avec ces sentimens, & étant arrivé à Bantan, il ne songea plus qu’à poursuivre son procès, dans lequel il s’agissoit de la meilleure partie de son bien. La violence de sa passion lui fit chercher les voies les plus promptes de se mettre hors d’affaire ; & si ses parties eussent été raisonnables, il leur eût été aisé d’obtenir un accommodement avantageux ; mais le crédit de quelques personnes d’un rang dis-