Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/376

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bien, trouva à propos de le prier de se retirer. Sa femme tâcha de faire valoir la générosité qu’il avoit eue de sacrifier au plaisir d’entrer dans son alliance, tous les avantages qu’il eût pu trouver ailleurs ; lorsqu’il s’étoit contenté de ce qu’on vouloit donner à sa fille, & prétendit qu’on le devoit reconnoître par des sentimens qui répondissent aux siens : mais tout ce qu’elle put dire ne fit qu’aigrir son mari ; &, malgré ses remontrances, Polaure fut congédié. Ce ne fut pas sans qu’il eût la joie de recevoir de la bouche même de sa maîtresse toutes les assurances qui pouvoient adoucir son malheur. La mère, qui en fut témoin, lui promit tout le secours qu’il pouvoit attendre d’elle ; & comme on avoit fait à tous les deux d’expresses défenses de se plus voir, la crainte d’accroître la mauvaise humeur du père, si, par son éloignement, il ne le guérissoit pas de tous les soupçons qu’il pouvoit avoir, le fit se résoudre à se retirer dans une terre qu’il avoit à trente lieues de Pékin. Les adieux furent fort tendres. Il dit à Banane, qu’il ne vouloit pas qu’elle renonçât pour lui à une grande fortune ; & plus il fut généreux, plus il la trouva confiante dans les sentimens qu’elle lui avoit fait paroître. Ils convinrent, du consentement de la mère, qu’ils s’écriroient fort souvent par le moyen de la