Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/377

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dame, leur commune amie, & rien n’étoit plus engageant, ni plus flatteur que leurs lettres. L’absence ne fit qu’augmenter leur passion. Il se passa une année entière, pendant laquelle Polaure fit secrètement deux ou trois voyages à Pékin : il y voyoit sa maîtresse un jour chez cette amie, & s’en retournoit le lendemain.

Tandis que les choses étoient en cet état, plusieurs personnes d’un rang distingué la recherchoient en mariage ; mais, heureusement pour elle, son père se trouvoit toujours embarrassé sur le choix, & le plaisir de demeurer maître de son bien, l’empêchoit de se hâter de la marier. Sa femme y contribuoit, en se rendant difficile, pour la conserver à Polaure, sans pourtant qu’elle pût voir comment elle pourroit faire réussir ses espérances. Pendant qu’il vivoit ainsi retiré, il vit arriver chez lui un de ses amis intimes, qu’il n’avoit point vu depuis quatre ans. C’étoit un homme d’une maison fort considérable, & qui étoit mandarin de Canton. Polaure eut beaucoup de joie de le voir, & l’arrêta chez lui le plus long-temps qu’il put, sans lui découvrir ce qui l’avoit obligé à quitter Pékin. Malgré toute l’amitié qui les unissoit, il crut devoir ce secret à sa maîtresse. Il ne savoit pas comment tourneroient les choses, & le meil-