Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/388

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qu’on lui avoit dites. Il admiroit les secrets impénétrables des dieux ; il disoit que ce que l’on fait contre leur volonté ne réussit pas ordinairement, & que s’ils laissent quelquefois triompher les méchans, c’est ainsi que leur triomphe tourne à leur confusion, & serve d’exemple aux autres, pour ne rien faire que de juste & de raisonnable. Après avoir un peu moralisé sur ce sujet, il demanda au nouvelliste qui avoit été à la Chine, quelle étoit une certaine femme appelée Canine, dont on parle tant. Ce nom, répondit cet homme, lui convient fort bien ; car la dévotion qu’on lui porte en ce pays-là est une vraie bigoterie chez la plupart des dames de la Chine. On dit qu’elle étoit fille du roi Tzonton, qui, voulant la marier à un grand prince, aussi bien que ses deux sœurs ; elle n’y voulut jamais consentir, alléguant pour toute raison, qu’elle avoit voué au ciel une perpétuelle chasteté. Le père, indigné de ce refus, la fit enfermer dans une maison en forme de monastère, & par mépris, l’occupa à des choses viles & abjectes, lui fit porter de l’eau, du bois, & nettoyer un grand jardin qui dépendoit de ce lieu-là ; elle le fit sans murmurer, & y travailla avec assiduité ; mais le ciel, à qui elle avoit fait vœu de chasteté, & pour l’a-