Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/402

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éviter les curieux, sembloit l’assurer qu’on avoit un véritable dessein de renouer avec lui. Il relut vingt fois la lettre ; &, tout rempli d’une espérance flatteuse, il fit réponse sur l’heure, selon d’adresse qu’on avoit pris soin de lui marquer. Il se servit de termes si tendres, & employa des expressions si vives, qu’il fut aisé de connoître que c’étoit le cœur qui les fournissoit. La jeune veuve, qui avoit pris de justes mesures, ne manqua pas de recevoir cette lettre. Elle y remarqua, avec chagrin, que Léonice étoit toujours aimée en secret ; & quoiqu’il lui fût fâcheux de renoncer à l’amour d’Almadore, elle résolut de n’en être pas la dupe. La manière dont il s’expliquoit lui fit comprendre qu’il n’y avoit rien de plus dangereux que d’épouser un homme prévenu d’une forte passion qu’un nouvel engagement n’avoit pu éteindre ; & ne songeant plus à le conserver pour son amant, elle voulut pousser l’infidélité qu’il commençoit à lui faire, jusqu’au plus haut point où elle pouvoit la porter. Elle lui manda qu’elle étoit fort satisfaite des assurances d’amour qu’elle recevoit de lui, & qu’elle avoit beaucoup de penchant à y répondre, mais qu’elle étoit combattue par le doute où elle étoit qu’il voulût quitter la jeune veuve pour lui redonner toute sa tendresse. Almadore ne balança point

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