Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/405

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monde, lui avoit toujours paru incapable d’un tour pareil à celui qu’on lui jouoit ; & en cherchant pourquoi elle le traitoit si indignement, il crut que tout cela s’étoit fait pour obliger son amant, qui, par haîne ou par caprice, pouvoit avoir exigé de son amour un traitement si injurieux. Il ne voyoit pas pourtant quel intérêt lui avoit fait souhaiter qu’il trahît la jeune veuve. Il n’y avoit qu’à ne point troubler leur union, & il n’eût jamais repris de nouvelles espérances. Quoique la manière dont elle avoit agi avec lui le touchât sensiblement, il ne put s’imaginer qu’elle eût pris plaisir à le brouiller avec la jeune veuve.

Le lendemain, il alla chez elle comme ne faisant que d’arriver. Les réflexions qu’elle avoit faites l’ayant rendue maîtresse de l’émotion qu’elle devoit avoir en le revoyant, elle le félicita d’un air tranquille sur son raccommodement, & lui dit en même temps qu’elle n’auroit jamais cru qu’il eût voulu la sacrifier à une personne dont il n’étoit que trop sûr qu’il ne pouvoit être aimé. Almadore n’ayant rien à répondre à ce reproche, garda un profond silence, & la dame lui porta le dernier coup, en lui montrant toutes les lettres qu’il avoit écrites à Léonice & à elle-même. Il s’écria qu’il n’y avoit jamais eu une telle trahison ; & per-