Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/423

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que c’étoit lui qui renonçoit à la dame. Quelques-uns de ses amis, qui étoient dans la même erreur touchant sa prétendue infidélité, & à qui ses trois enfans donnoient du dégoût pour elle, furent d’avis de ce mariage, & le contrat fut signé, au dédit de mille pistoles. La joie qu’on en eut dans la famille de sa nouvelle maîtresse, le fit bientôt éclater dans toute la ville. On voulut le conclure en peu de jours ; mais la passion du cavalier, toujours violente, quoique combattue par le dépit, lui fit demander du temps. Il alla chez son amie, à qui il parla en homme désespéré, qui ne se pardonnoit point l’engagement où il venoit de se mettre. Elle pénétra ses sentimens, jugeant bien que mille pistoles ne seroient pas un obstacle qui l’empêcheroit de rompre ; elle manda à la dame qu’elle n’avoit qu’à lui expliquer ses intentions, & que, malgré le contrat signé, elle étoit sûre que le cavalier se feroit une joie de lui prouver son amour, en lui sacrifiant toutes choses. Elle ne reçut point de réponse, & ce silence lui fit croire que le titre de marquis avoit ébloui la belle veuve, & que ce n’étoit pas sans raison que le cavalier l’accusoit de perfidie.

Cependant les choses alloient tout autrement qu’elle ne pensoit. La dame eut à peine gagné son procès, qu’étant pressée de nouveau par