Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/425

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demeurer toujours maîtresse de sa liberté.

Elles étoient sur cette matière quand le cavalier vint les interrompre. Il fut fort surpris de voir la dame, dont il n’avoit point appris le retour, & il la trouva si belle, que tout son amour se réveilla. Une petite émotion de colère qu’elle laissa voir, rendit ses yeux plus brillans que de coutume, & il parut un incarnat sur ses joues dont il fut ébloui. Il se troubla à sa vue, & sentant la perte qu’il faisoit, il lui demanda, en tremblant, si elle étoit mariée. Elle lui répondit froidement que non, & qu’elle se réjouissoit d’être arrivée assez tôt pour être à ses noces. Le cavalier, outré de douleur, lui dit que s’il étoit inconstant, il avoit suivi l’exemple qu’elle lui avoit donné, & que son respect ne lui avoit pas permis de s’opposer à ses avantages. Alors elle voulut bien le détromper sur l’affaire du marquis, & lui fit connoître que la conduite qu’elle avoit tenue, malgré les partis qui s’étoient offerts, ne l’avoit pas rendue digne des impressions désavantageuses qu’il en avoit prises. La joie qu’il eut de sortir d’erreur, l’obligea de se jeter à ses pieds ; mais la belle veuve n’écouta pas ses remerciemens ; elle lui fit voir une fierté qui le rendit immobile, & lui déclara qu’elle ne s’étoit justifiée que pour sa gloire ; que loin d’exiger rien de son repentir,