Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/428

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bien qu’il étoit né orateur ; que son discours étoit des plus nobles & des plus éloquens ; qu’on y voyoit un tour d’esprit & une délicatesse charmante ; mais qu’il ne pouvoit s’empêcher de blâmer la dureté de la veuve, qui tenoit plutôt de la férocité d’un sauvage, que du naturel doux & tendre attaché au beau-sexe. Je sais bien, ajouta-t-il, qu’il veut être aimé sans réserve, & que le moindre soupçon d’infidélité lui fait beaucoup de peine ; mais lorsqu’un amant s’est justifié, on ne doit plus se plaindre de lui ; il faut le regarder d’un œil favorable, & lui témoigner autant d’amitié qu’on lui a marqué de rigueur ou d’indifférence. C’est ainsi que l’amour se conserve dans le cœur des amans, & que leur union ne finit qu’avec la vie. J’avoue, à ma confusion, que je n’ai pas toujours observé cette maxime : c’est de quoi je me plains. Mais quel est l’homme sur la terre qui n’a jamais failli, & qui par son regret ne rende sa faute aussi digne de pardon, qu’elle l’étoit auparavant de blâme ? L’empereur ayant encore dit plusieurs choses agréables sur ce sujet, comme il se vit dans une santé parfaite, il voulut régaler les plus grands seigneurs de sa cour. Il envoya inviter à souper les trois jeunes princes de Sarendip, auxquels il étoit redevable de sa guérison. Le repas fut magnifique ; & ce qui