Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/439

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dans la salle où elle mangeoit, & entra promptement dans la chambre de cette princesse, afin de n’être vu de personne.

Cependant quelque soin qu’il prît, il ne put si bien faire qu’il ne fût reconnu de quelque grand seigneur. Cela causa un bruit sourd, & la reine voulant savoir ce que c’étoit, on lui dit à l’oreille, que c’étoit le prince de Sarendip qui venoit d’arriver, & qu’il étoit entré dans sa chambre. Cette nouvelle agréable la surprit d’autant plus, qu’elle ne l’attendoit pas si-tôt. Une palpitation de cœur la prit ; elle ne put achever son repas, & alla aussi-tôt trouver le prince. D’abord qu’il la vit, il la salua d’un air tendre, & lui prit la main pour la baiser ; mais en même temps cette princesse lui présenta le visage, & il lui donna un baiser, accompagné de paroles les plus flatteuses & les plus engageantes du monde. Elle y répondit comme elle le devoit ; & après un quart-d’heure de conversation, la reine jugeant que ce prince pouvoit être fatigué de sa course, elle le conduisit dans un fort bel appartement qu’elle lui avoit fait préparer. Elle le laissa reposer jusqu’au soir, qu’elle le vint prendre pour souper avec elle. Il y alla aussi-tôt, & s’il fut surpris en entrant dans la salle où il devoit manger de n’y voir ni table, ni couvert, ni rien d’apprêté, il le fut