Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/455

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ordre qu’elle étoit, & cependant le prince de Sarendip prit quelques troupes, & alla faire le tour de la plaine où se devoit donner le combat. Lorsqu’il fut de retour, il assembla une seconde fois ses généraux, & leur dit qu’ils n’avoient pas besoin de harangue, parce que la gloire étoit un assez puissant aiguillon pour les porter à faire leur devoir ; qu’ils représentassent seulement à leurs gens, que du succès de cette bataille dépendoit leur honneur & celui de leur patrie ; qu’il n’en diroit pas davantage à de si braves hommes, mais qu’ils prissent garde d’observer l’ordre & le silence, & sur-tout qu’ils fussent attentifs à recevoir le commandement, & prompts à l’exécuter ; qu’ils devoient savoir qu’on perdoit les batailles par le peu de soin & la négligence, comme on les gagnoit par les vertus contraires. Après de tels discours, ayant animé ses chefs, & étant animé par eux, il leur ordonna de reposer & de repaître.

Le prince de Méros, qui n’avoit pas bien fortifié son camp, demeura toute la nuit sous les armes, de crainte de quelque surprise, attendu que les soldats n’avoient pas beaucoup de confiance en lui, ni en ses généraux, & que le danger où ils se voyoient leur donnoit quelque frayeur. Dès que le jour parut, le prince de Sarendip alla droit à l’ennemi. Il fit atta-