Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/460

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cet auguste enfant, le prince son père en témoignoit sa reconnaissance par des festins & des spectacles qu’il donnoit au peuple. Un jour, voulant varier ces plaisirs, il lui arriva une aventure la plus extraordinaire du monde, qui mérite bien d’avoir ici sa place. Comme il étoit à la chasse, & qu’il s’étoit écarté de ceux de sa suite, il ouït l’effroyable rugissement d’un lion qui sembloit néanmoins plutôt se plaindre de quelque grand mal qu’il souffroit, que de suivre sa proie pour la dévorer. Le prince, qui, par un mouvement de sa générosité naturelle, alloit toujours droit au péril, s’enfonça aussi-tôt dans le bois prochain, & courant en toute diligence vers l’endroit où il entendoit le rugissement, il vit qu’un horrible serpent d’une prodigieuse grandeur, ayant entortillé les jambes & le corps d’un lion, l’avoit mis hors d’état de se défendre, & lui dardoit à grands coups redoublés sa langue, pour le tuer de son venin. Il fut touché du danger du lion ; sans songer qu’en le délivrant, il lui laissoit la liberté de se jeter sur lui, il donna de son épée si à propos sur le serpent, qu’il le tua ; &, sans blesser le lion, il coupa les liens dont il étoit embarrassé. Alors ce pauvre animal se voyant libre, & reconnaissant l’auteur de sa liberté, lui en vint rendre graces de la manière