Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/492

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là même qui avoit fait les présens. Raphane fit de longues plaintes à la demoiselle de l’insulte qu’elle souffroit qu’on lui fît, & menaça de rompre avec elle, si on lui faisoit plus longtemps mystère d’une intrigue qu’il voyoit bien qu’on se plaisoit à entretenir. Elle lui jura cent fois qu’elle n’en savoit que ce qu’il savoit lui-même, étant aussi surprise que lui de tout ce qu’elle voyoit. Comme il jugea bien qu’il ne seroit pas possible de se déguiser toujours, il résista à la jalousie dont il étoit tourmenté, & observa jusqu’aux moindres choses qui pouvoient contribuer à lui faire découvrir le rival qui se cachoit. Ses inquiétudes furent violentes, & il les sentit augmenter beaucoup un soir, qu’ayant soupé chez la demoiselle, un concert de violons & de hautbois vint la divertir sous ses fenêtres. Le concert fut accompagné d’un air qu’on chanta, fort rempli de passion ; ce qui mit Raphane dans un nouveau trouble, qui le fit sortir tout en colère, protestant qu’il se guériroit de sa passion. La demoiselle, après avoir tâché inutilement de l’appaiser, craignit d’autant moins son changement, qu’elle étoit persuadée que l’amant qui ne se déclaroit point, ne cherchoit qu’à l’éloigner, afin de prendre sa place. Cependant Raphane, qui avoit l’esprit entièrement occupé de son aven-