Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/494

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une manière très-vive. Il y avoit un tour d’esprit délicat dans toutes celles que l’on apportoit à Raphane ; & comme on lui déclaroit qu’on n’aspiroit avec lui qu’à une liaison étroite de cœur, qui n’auroit jamais de suite qu’on pût condamner, on ne faisoit point difficulté de l’assurer d’une tendresse éternelle, & de s’expliquer sur cette assurance dans les termes les plus forts : mais la dame s’obstinoit à demeurer invisible, & il sembloit lui suffire qu’elle lui apprît qu’il étoit aimé. Elle lui demandoit quelquefois si la demoiselle recevoit encore des soins de son amant inconnu. Il en parloit lui-même à la demoiselle, qui tantôt lui répondoit qu’elle avoit renoncé à ce commerce, pour lui ôter tout sujet de jalousie, & qui lui disoit une autre fois qu’elle conduisoit les choses avec le mystère qui lui convenoit, & qu’il ne tenoit qu’à elle qu’elles n’éclatassent.

Raphane, qui voyoit de l’artifice dans cette diversité de réponses, & qui se persuada que les visites qu’il continuoit à lui rendre, empêchoient la dame inconnue de se découvrir, rompit entièrement cette intrigue, & ne chercha plus qu’à mériter qu’on le voulût éclaircir sur sa nouvelle conquête. Il pressa pourtant inutilement pour l’obtenir. La dame lui répondit, que bien qu’elle fût ravie de le voir tiré d’un