Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/497

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& après qu’il l’eut assurée cent fois qu’il n’aimeroit jamais qu’elle, elle demeura d’accord de l’innocent artifice dont elle s’étoit servie pour amortir son injuste passion, ce qu’elle étoit résolue de continuer sans lui faire aucun reproche, tant qu’il seroit demeuré dans le malheureux entêtement dont sa patience l’avoit retiré.

L’exemple d’Amazonte doit servir d’instruction aux femmes qui souhaitent de regagner l’amour de leur mari ; car comme l’on ne prend point de lièvres au bruit du tambour, ni des mouches avec du vinaigre, on ne ramène point un cœur avec des plaintes, des murmures, & des éclats continuels. Ce procédé n’est en usage que parmi les femmes du commun, qui n’ont point assez d’esprit ni d’agrément pour se faire aimer. Peu de chose fait naître l’amour, & peu de chose le fait perdre. Ce dieu ne veut point être contraint, il est libre, les duretés ne sont pas de son goût, & ce n’est qu’avec des manières nobles & délicates qu’on peut se le rendre favorable. Circé, la reine de Sparte, celle d’Égypte, & tant d’autres ne se seroient pas fait aimer, si elles n’avoient suivi cette maxime. Que la douceur a de charmes ! Ceux qui la pratiquent ne s’en repentent jamais ; & s’il font des conquêtes, cette même douceur les con-