Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/55

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La princesse, transportée de joie, embrassa la gouvernante ; elles descendirent toutes deux par un escalier dérobé, & prirent trois chevaux dans l’écurie. Le palefrenier, à qui la princesse fit un présent, les ayant préparés, les deux amazones partirent, la gouvernante tenant un cheval en main pour Prenany.

Fêlée, que l’amour faisoit songer à tout, avoit pris une bouteille de ratafia, & une grande galette, qu’elle avoit mise par morceaux dans un sac, pour nourrir le malheureux Prenany pendant son voyage, & elle avoit attaché cette provision à la selle du cheval qu’elle lui destinoit.

Quand la jeune princesse fut dans la forêt, elle se mit à pleurer, de peur du loup (car elle ne l’avoit jamais vu) ; sa gouvernante la rassura, & lui dit de ne pas faire de bruit, de peur d’être entendue des gardes qu’on avoit laissés dans le bois.

La princesse s’étant un peu remise de sa crainte, alloit au petit pas, en disant tout doucement : Prenany ! Prenany ! Par bonheur elle passa auprès de l’arbre où il étoit, & il l’entendit. Est-ce vous, dit-il, ma princesse ? Eh, oui, c’est moi, répondit-elle ; descendez. Aussi-tôt Prenany descendit si vîte, qu’il pensa se casser les jambes. Ah ! dit-il, ma chère princesse, quel est