Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 3.djvu/77

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pauvreté & dans la misère par ses propres vices. L’honnête homme, dont je parle, ne sauroit être misérable de cette manière-là ; cette misère est criminelle elle-même, puisqu’elle a le crime pour cause. C’est comme un meurtre qu’on voudroit excuser, parce qu’on l’a commis dans l’ivresse ; ce qui n’est qu’alléguer un crime pour pallier un autre crime. Telle étoit la misère de l’Enfant prodigue, qui, par des débauches continuelles, avoit dissipé tout son patrimoine. On peut dire que celui qui est dans ce cas, & qui ne paye pas ses dettes, agit en mal-honnête homme, parce qu’il auroit pu les payer s’il n’avoir pas donné au luxe & à l’intempérance ce qui étoit dû à ses créanciers.

Il y en a d’autres qui tombent dans l’état le plus triste, faute d’avoir le génie requis pour bien ménager leurs affaires. Ceux-là peuvent être honnêtes gens, malgré l’imbécillité de leur esprit. Un cœur excellent peut accompagner un esprit de la dernière foiblesse. Je conviens que l’homme de bien est véritablement l’homme sage, pour ce qui regarde la partie la plus essentielle de la sagesse ; savoir, la religion. Mais il arrive souvent que l’homme le plus exact par rapport aux devoirs de la piété, & qui aimerois mieux mourir que de faire de propos délibéré le moindre tort à son prochain, enveloppe, par un défaut de ju-