Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 3.djvu/80

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tion, causée par des catastrophes inévitables, un homme ne paye pas ses dettes, il y a une extravagance épouvantable à le traiter de mal-honnête homme, à moins qu’on ne veuille soutenir qu’il n’est jamais permis à un homme, de quelque manière que ce puisse être, d’emprunter de l’argent sur son crédit ; ce qui est encore de la dernière absurdité.

Cette matière me conduisit assez naturellement à une petite digression sur les banqueroutes. À mon avis, la crainte de manquer est la cause ordinaire qu’un marchand manque. Un négociant voyant que son crédit est encore bon, quoique son fonds soit épuisé, pousse son négoce avec d’autant plus de vigueur, & il s’anime à faire des coups hardis, dans l’espérance qu’un heureux voyage, ou quelque circonstance avantageuse, le réconcilieront avec la fortune.

Quel que puisse être le succès de cette hardiesse, j’avoue que j’y trouve manifestement un défaut de probité. Un homme qui sait que son fonds est épuisé, quoique son crédit soit encore en son entier, fait une injustice palpable quand il contracte quelque dette ; il fait alors son commerce aux risques des autres, & non pas aux siens propres, puisqu’il n’a plus rien à perdre ; par la même raison, il négocie à son propre profit, & non pas à celui de ses créanciers ; ce qui est