Page:Anthologie japonaise, poésies anciennes et modernes.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73
HYAKOU-NIN-IS-SYOU.

kô-nin (810 à 823 de notre ère), les troupes de Sin-ra[1] attaquèrent le pays de Hi-zen, tantôt capturant les vaisseaux chinois qui y portaient le tribut, tantôt s’emparant des soies et du coton dont on chargeait les navires. On envoya donc un corps d’armée pour les châtier, et on leur fit de nombreux prisonniers qu’on transporta dans la province d’Omi et de Sŭruga. Les attaques du Sinra n’en continuèrent pas moins. Alors l’empereur chassa Yuki-hira (auteur de la pièce ci-dessus) du gouvernement des provinces de l’ouest (Saï-kokŭ), afin de protéger le pays contre les incursions de ces Coréens.

Antérieurement on avait envoyé dans l’île de Tsu-sima (située entre la Corée et le Japon et appartenant à ce dernier pays) du riz provenant des cultures du Tsikŭ-zen, du Hi-zen, etc. ; mais la traversée fut mauvaise. Sept sur dix navires furent perdus, avec presque tout leur équipage, dont un très-petit nombre d’individus seulement parvint à débarquer à Tsousima. Youkihira conseilla en conséquence à l’empereur de renoncer à ces transports, et il envoya une colonie de gens de Tsikouzen dans l’île d’Iki où ils établirent des rizières. Il put de la sorte envoyer aisément, de cette île, des provisions à Tsousima, et depuis cette époque on n’eut plus qu’un très-petit nombre d’accidents à déplorer.

  1. Sin-ra (en coréen : 신라 Sinra ; en japonais : シンラ Sinra ou シラキ Siraki). Sin-ra est le nom d’un État qui fut fondé, en Corée, au ier siècle avant notre ère, par Heh Kiuchi. Primitivement il formait une des trois parties de la Confédération désignée dans les annales indigènes sous le nom de Sam-han (en coréen : 삼한 sam-han ; japonais : サンカン San-kan. Au viie siècle notamment, le royaume de Sinra fut soumis au Japon. — Voy. mes Variétés orientales, pp. 329 et 335, et mon Aperçu de la langue coréenne (Paris, Impr. impér., 1864), p. 67.