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PRÉFACE.

enfant sur le cadavre de son époux, afin qu’un même tombeau reçoive en même temps ceux qui se sont aimés ici-bas ?

Qu’il est doux de s’éteindre et de mourir ensemble
En ce monde où l’horloge, qui marque l’heure suprême,
Avance pour l’un et retarde pour l’autre !

Tous ces vers sont anciens, mais le génie national n’a pas changé, si l’on en juge par la romance que M. Philarète Chasles a traduite du conte moderne des Six paravents[1] :

La mort est le dernier éveil ;
La vie est un rêve qui passe ;
C’est un peu de neige ou de glace
Qui se fond au premier soleil.
Chaque heure, en nous quittant, dévore
Le peu que Dieu nous a donné ;
La huitième a déjà sonné
Que la septième vibre encore[2].

La plupart des poésies traduites par M. de Rosny ont ce caractère. Il a eu raison d’intitu-

  1. Sechs Wandschirme in Gestalten der vergänglichen Welt. Ein japanischer Roman uebersetzt und herausgegeben, von Dr August Pfizmaier. Wien, 1847 ; in-8o.
  2. Voyage d’un critique à travers la vie et les livres, p. 344.