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XVIII
INTRODUCTION.

fera peut-être mieux comprendre que toute autre le genre de concision des outas japonaises :

Furu-sato-ni arasi mote-kon koto-no ha-wa
Ne-nasi kusa tomo hito-wa mi-yo kasi !

Que la tempête emporte les feuilles de mes écrits (mes vers),
Et que les hommes considèrent qu’elles viennent d’une plante sans racine.

Le premier vers de chaque pièce ou distique, c’est-à-dire celui qui doit préparer l’auditeur au sujet traité par le poëte, s’appelle kami-no ku « phrase supérieure ». Il doit être composé d’expressions métaphoriques ou figurées se rattachant à la pensée du second vers, sans cependant la faire tout à fait pressentir. Les mots qui entrent dans ce vers sont dits « mots de transition ».

Le second vers des distiques, c’est-à-dire celui qui doit exprimer définitivement la pensée du poëte et la compléter, s’appelle simo-no ku « phrase inférieure ». Il doit se composer d’expressions simples, mais énergiques, dépouillées du manteau de la métaphore dont on a couvert les mots du premier vers[1].

Dans quelques pièces enfin, l’auteur fait usage d’une métaphore qui, énoncée dans le premier vers,

  1. Ces règles ne sont pas absolues, et il arrive quelquefois de donner au contraire au second vers une expression métaphorique, tandis que le premier n’a été composé que d’expressions simples et naturelles.