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XIX
INTRODUCTION.

est continuée et complétée dans le second vers par des expressions également métaphoriques[1].

Je dois signaler aussi une particularité assez curieuse de certains distiques japonais, consistant dans l’usage de locutions caractéristiques du mot de qui dépend l’idée principale de la pièce, ou sur lequel l’auteur désire appeler tout particulièrement l’attention. Ces locutions, le plus souvent intraduisibles, sont dites « mots d’appui ou de transition »[2].

  1. La pièce suivante, reproduite d’une façon à peu près inintelligible dans le Supplément à l’édition française de la Grammaire du P. Rodriguez, nous fournit un excellent exemple des distiques de ce genre. J’ai essayé d’en rétablir le texte comme il suit :
    VERS COMPOSÉS PAR UNE MÈRE SUR LA MORT DE SON ENFANT.

    Wakete fuku kaze koso ukere hâna tomo-ni,
    Tsirade ko-no ha-va nado nokoruran.

    Pourquoi faut-il que le souffle du vent ait fait tomber les fleurs sans emporter en même temps les feuilles de l’arbre ?

    En substituant à cette traduction à peu près littérale une interprétation libre du sens métaphorique de la pièce, on a la traduction suivante :

    O mort cruelle, pourquoi n’as-tu frappé que mes enfants, en épargnant leur triste mère ?

  2. À titre d’exemple de cette particularité, je citerai le distique suivant du grand kambak Daïzyô Daïzine (hyakŭ-nin is-syu, pièce lxxvi) :

    Wada-no hara kogi idete mireba hisakata-no
    Kumo-ï-ni magô okitsû sira-nami.

    Lorsque je vois ramer dans la baie de Wada, la blanche vague (me paraît) semblable à la source nuageuse de l’infini (c’est-à-dire au ciel).

    Le mot ひさかた hisa-kata « l’antique durée » est une de ces