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XXIX
INTRODUCTION.

noms et les verbes surtout revêtent des formes inusitées dans le dialecte de la conversation. Par exception, les auteurs des poésies dites ha-uta, qui n’ont aucune prétention littéraire, ne craignent point de puiser largement leurs mots en dehors du vocabulaire classique, ce qui donne d’ailleurs à ces poésies une grâce dont les indigènes affectent de faire peu de cas, mais que les étrangers initiés à la connaissance du japonais liront certainement avec plaisir. Parmi les formes grammaticales vulgaires dont il est fait usage dans ce genre de poésie, on remarquera surtout l’auxiliaire ます masŭ ; p. e. dans まいりま𛁈た maïrimasita, « il est venu », les pronoms わ𛁈 wasi (pour watakûsi) « moi », をまえ omaë « vous », etc.

Les pièces qui suivent appartiennent à un style plus élevé et sont, pour la plupart, de composition récente.

Les cinquième et sixième parties du Si-ka-zen-yô se composent de poésies du genre si, qui n’est autre chose que le genre usité en Chine, dont j’ai parlé plus haut. Leurs auteurs s’attachent à suivre ponctuellement les principes des poëtes chinois les plus célèbres, et de puiser exclusivement dans leur vocabulaire. Il n’en est pas moins vrai qu’on y rencontre de temps à autre quelques japonismes, qui sont loin

    être compris à l’audition par la grande majorité des indigènes. Quelques ouvrages à peu près complètement rédigés en langue vulgaire, tels que le Hun lo’u-mo’n (les Songes du Pavillon rouge), et le Kinpin-meï (Histoire galante d’un droguiste), sont d’une lecture très-agréable, mais les lettrés chinois se targuent de les dédaigner.