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HYAKOU-NIN-IS-SYOU.

Or il y avait à cette époque deux poëtes célèbres, Modo-tosi et Tosi-yori, qui composaient les vers suivant deux méthodes différentes, et dont les disciples soutenaient chacun la doctrine de leur école. Tosinari était élève de Modotosi, mais il n’appréciait pas complètement le talent de son maître. Il louait le style de Tosiyori et en même temps le savoir de Modotosi. Une fois quelqu’un lui demanda : « Pour quelle raison aimez-vous les poésies de Tosiyori, que votre maître n’apprécie pas » — Il répondit : « J’apprécie seulement la forme de ses poésies, mais non point son érudition. » Alors tout le monde approuva son impartialité.

Un jour, Go-deô-no San-mi ayant prié Tosinari de lui dire quelle était la meilleure pièce de poésie qu’il ait composée, celui-ci désigna l’ode suivante :











Yusareba no-be-no aki-kaze mi nisi mite,
Tatsŭ-tsŭ naku-nari fuka kusa-no sato.


Quand vient la nuit, le vent d’automne, dans les campagnes, fait sentir sa fraîcheur ; la grue sauvage répand ses cris dans le village de Foukakousa[1].

Toutes les fois que ce poëte composait des vers, il se vê-

  1. La grue, par ses cris, répand la tristesse et la mélancolie