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D’EUSÈBE DE LAURIÈRE.

seroicnt rebutantes pour tout autre que pour eui. Également otiies à leur siècle et à la postérité, ils enrichissent la science des lois de découvertes importantes et ils épargnent à ceux qui sont entraînés par le courant des afTaires un temps précieux et des discussions laborieuses en leur communiquant , par de savants ouvrages , le fruit de leurs travaux et de leurs veilles. H. de Laurière avoit apporté en naissant toutes les dispositions nécessaires pour devenir un savant consommé dans le genre d’études qu’il cmbrasseroit, et, ayant tourné ses vues du côlé do la jurisprudence , il entreprit de se faire sur cette science un système complet dans toutes ses parties.

Après s’être instruit des lois de tous les anciens peuples , il fit une étude approfondie du droit romain, qui est le chef-d’œuvre de la prudence humaine et le fondement du droit moderne : car les barbares qui détruisirent l’empire romain se soumirent aux lois de ceux qu’ils avoient vaincus , et du mélange qu’ils en firent avec leurs usages et leurs coutumes se sont formées les lois qui régissent aujourd’hui presque tous les peuples de l’Europe. M. de Laurière compara exactement ensemble ces lois modernes qui, toutes fondées sur les mêmes principes, ont cependant pris des formes diverses chez les difTérenls peuples , suivant leur caractère particulier, leurs intérêts politiques, et le degré des lumières qu’ont eues leurs législateurs. Il s’appliqua particulièrement à celles de l’Angleterre parce qu’elles ont beaucoup de conformité avec les anciennes coutumes de France, qui furent portées dans ce pays par Guillaume le Conquérant, et qui s’y sont conservées presque sans altération. II joignit à l’étude du droit civil celle des lois ecclésiastiques et de la discipline de l’Église.

Le but de M. de Laurière dans ses recherches étoil de se rendre plus capable d’approfondir le droit françois qui étoit son objet principal. Pour y réussir , il remonta jusqu’aux siècles les plus reculés de la monarchie, il dépouilla tous les livres qui traitent de la jurisprudence françoise ; il fouilla dans les cabinets particuliers et dans les dépôts publics ; il tira de la poussière des pièces curieuses et instructives , il rechercha avec un soin extrême dans tous les monumens les vestiges et les traces les plus légères de notre droit. Il débrouilla le chaos de notre ancienne procédure qui étoit surchargée d’un grand nombre do formalités inutiles et cependant yVi^afes. Il démêla aec une sagesse merveilleuse l’origine obscure de nos coutumes, qui n’ont