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ÉLOGE HISTORIQUE

été rédigées par écrit qu’après avoir éléobscrvOes pendant long-^ temps sur la foi d’un usage inc’etlain et d’une tradition souvent peu constante. Il lut avec attention les historiens dont on peut tirer bien des secours pour l’intelligence des lois, qui par un heureux retour servent aussi beaucoup à éolaircir l’histoire. En un mot, prenant le droit françois dans sa source il en Buiyit le cours pas à pas pour en examiner scrupuleusement les variations et les progrès.

M* de Laurière ne s’étoit pas livré à de si vastes recherches uniquement pour satisfaire sa curiosité. Il étoit persuadé que la décision des questions les plus ordinaires et les plus communes dépendoit souvent de la connoissance des antiquités de notre droit, et les découvertes qu’il avoit faites en ce genre lui ont donné lieu d’attaquer plusieurs opinions universellement reçues, parce qu’il lescroyoit contraires aux premiers principes. Quoique M. de Laurière se fût dévoué tout entier à la Juris prudence, cependant ses lectures prodigieuses l’avoient mis au fait de toutes les parties de la littérature. Lorsqu’il lisoit un livre il faisoit des extraits de tout ce qu’il y Irouvoit de remarquable dans quelque genre que ce fût. Pour être en état d’entendre les originaux sans lesquels on ne peut faire d’études solides , il avoit appris les langues savantes et celles d’entre les modernes qui sont les plus nécessaires ; et les monumens antiques de notre droit et de notre histoire qu’il avoit feuilletés tant de fois, lui avoient donné une intelligence parfaite de l’ancienne langue françoise. Il avoit un talent nature ! pour la critique, il s’étoit appliqué particulièrement à celle do l’Ëcriturc sainte, dans laquelle il avoit fait de grands progrès. Son goût l’avott toujours porté à déterrer des anecdotes et des faits fugitifs, et il connoissoit parfaitement les livres rares et recherchés par les curieux-La réputation de M. de Laurière égaloit son savoir On le regardoit comme un homme qui avoit amassé un trésor immense de connoissances rares et singulières. On avoit recours à lui comme à une ressource sûre et quelquefois unique dans les matières et dans les questions qui ne sont pas renfermées dans le cercle des affaires courantes et ordinaires. Lorsqu’on lui demandoit son avis , tout ce qu’il savoit se répandoit avec profusion , et soi I qu’il parlât ou qu’il écrivit, sa seule peine étoit de bien développer les idées qui se pi’ésentoienl en foule à son esprit, et de li ur donner de l’ordre pour les mettre dans tout leur Jour. Pour bien juger du prix des connoissances de M. de Laurière ,