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ÉLOGE HISTORIQUE

même ; nullement louché des amusemeus ordinaires de la jeunesse, il s’étoit fait une loi d’employer utilement son temps ; et livré dés lors à un travail dur, opiniâtre, les difficultés loin de le rebuter, ne servoient qu’à lui faire redoubler ses elTorts. Attaché obstinément sur^ ce qui l’arrétoiC, il ne le quittoit point qu’il ne l’eût emporté. Il approfondissoit tout ce qui éloit l’objet de ses études. Il rcmontoit autant qu’il le pouvoit aux premiers principes et il épuisolt les matières. Il étoit né avec une mémoire très-heureuse qu’il cultivoit avec beaucoup de soin. Ce caractère qui s’étolt développé dans M. de Laurière dès sa plus tendre jeunesse ne s’est point démenti durant tout le cours de sa vie.

Il continuoit ses études et il avoit quatorze ou quinze ans lorsqu’on lui fit un legs de 400 livres,- il pria son père de lui permettre de disposer des arrérages ; son père qui savoit bien qu’il en feroit un bon usaf^e y consentit volontiers ; et il n’eut pas lieu de s’en repentir. Son fils ne l’avoit souhaité que pour se voir en état de satisfaire la passion qu’il se sentoit déjà pour les livres et il commença dès-lors à jeter les fondemens de sa bibliothèque qu’il a toujours augmentée depuis, et qui, à sa mort , s’est trouvée très-nombreuse et bien choisie. M de Laurière en sortant du collège se consacra à la jurisprudence. Il fut reçu avocat le 6 mars 1079 ; et , conformément h son esprit profond ,’ il forma pour ses études un plan vaste et qui embrassoit toute l’étendue de la science des lois. Celte science est immense et il ne seroit pas à souhaiter que tous ceux qui s’y appliquent entreprissent d’en creuser toutes les profondeurs ; à peine leur vie pourroit-elle y suffire, et il est de l’intérêt de la justice que leurs travaux ne se bornent pas à la spéculation. Lorsqu’un avocat s’est nourri de tous les principes do la jurisprudence , il doit mettre des bornes à ses études, pour se livrer aux affaires dont la multiplicité et la variété seront pour lui des sources toujours nouvelles d’instructions et de lumières. Mais entre ceux qui se destinent à l’étude des lois, il s’élève de temps en temps des hommes uniques qui, dévorés du désir Insatiable de savoir et insensibles à toute autre satisfaction qu’à celle de multiplier leurs connaissances, préfèrent le calme et la solitude de leur cabinet au bruit et au tumulte des afTaires ; sacrifient avec plaisir leur vie et quelquefois leur fortune pour pénétrer dans ce que la jurisprudence a de plus obscur , ci se livrent tout entiers à des recherches longues et pénibles et qui